La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, formée de 140 groupes sociaux, est profondément déçue du budget présenté aujourd’hui par le nouveau gouvernement. « Non seulement le Parti Québécois maintient deux des trois mesures de tarification régressives les plus injustes annoncées par le Parti Libéral, mais il maintient le quasi statu quo en matière de fiscalité », s’insurge Véronique Laflamme une des porte-parole de la Coalition qui accuse le nouveau gouvernement de suivre les pas tracés par son prédécesseur.
La Coalition est particulièrement scandalisée que le ministre maintienne non seulement la contribution santé, mais revienne aussi sur sa promesse, pourtant réitérée au début du mois, d’abolir la hausse des tarifs du bloc patrimonial d’hydro-électricité a prévue pour 2014 par l’ancien gouvernement. Le gouvernement joue sur les mots en annonçant que la hausse est annulée et qu’elle sera remplacée pas une indexation au coût de la vie. « Il s’agit bel et bien d’une hausse, régressive en plus, car elle pèsera beaucoup plus lourd sur les ménages à faible et à modeste revenus et elle s’ajoutera aux hausses soumises annuellement à la Régie de l’énergie ».
« Pourquoi le gouvernement s’obstine-t-il à imposer une hausse de tarifs et une taxe santé compliquée plutôt que de simplement récupérer les mêmes montants par des hausses d’impôts des particuliers à haut revenu et une augmentation de la contribution fiscale des entreprises? Si le ministre voulait être équitable, c’est ce qu’il aurait fait », rappelle la porte-parole en ajoutant que c’est la manière véritablement progressive de financer les services publics et les programmes sociaux.
La Coalition est surprise de la très grande timidité du gouvernement en matière de fiscalité. Elle remarque particulièrement que le budget 2013-2014 ne prévoit aucune hausse des redevances minières. Le gouvernement se contente d’annoncer une consultation sur la révision du régime minier, se privant de plusieurs millions $ pour les prochains mois. Il ne prévoit pas non plus la remise en place de la taxe sur le capital pour les entreprises financières qui permettrait d’aller chercher 2 milliards $ par année. Le budget ne prévoit pas non plus l’imposition à 75 % des gains de capital au lieu de 50 %, comme le Parti Québécois s’y était engagé en campagne électorale. Bien que la hausse de un palier d’imposition pour les contribuables gagnant plus de 100 000 $, une des 17 alternatives fiscales mises de l’avant par la Coalition, soit un premier pas dans cette direction, la Coalition s’inquiète que les sommes amassées soient allouées au Fonds de financement des établissements de santé et de services sociaux, un fonds dédié, soumis à des règles particulières, plutôt qu’au budget général du Québec.
Dans ce contexte, la Coalition est également inquiète que le gouvernement veuille à tout prix rétablir l’équilibre budgétaire pour 2013-2014 en procédant à une limitation assez drastique de la croissance des dépenses de programmes, la plus basse en 14 ans à 1.8%, qui se traduira invariablement par des compressions qui affecteront la qualité et l’accessibilité des services publics déjà mis à mal. « Le ministre des Finances dit vouloir résorber l’impasse budgétaire, mais il se prive de revenus importants dont il aurait pu bénéficier en instaurant une plus grande progressivité de l’impôt et en augmentant la contribution des entreprises aux finances publiques », remarque Véronique Laflamme.
Le ministre Marceau affirme « rétablir la justice fiscale » et défendre la classe moyenne, mais c’est loin d’être le cas selon la Coalition qui l’accuse de manquer de courage, de ménager la chèvre et le chou et de vouloir plaire d’abord aux investisseurs au détriment de la majorité de la population. « Rétablir la justice fiscale, c’est redistribuer la richesse, c’est faire contribuer davantage les mieux nantis et les grandes entreprises qui bénéficient de surcroit de nouveaux crédits d’impôts, c’est se donner les moyens comme société de s’offrir des services publics accessibles et de qualité, c’est lutter contre les inégalités sociales, c’est respecter les droits économiques et sociaux de tous et toutes comme celui à un niveau de vie suffisant et, malheureusement, le nouveau gouvernement semble avoir refusé de faire ces choix», conclut la porte-parole de la Coalition.
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