Cinq ans après la publication du Manifeste pour un Québec lucide, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics considère que les idées qui y étaient mises de l’avant par les Lucien Bouchard, Joseph Facal, Claude Montmarquette et autres ont déjà fait trop de tort et qu’il faut plus que jamais leur opposer une autre vision du Québec basée sur la solidarité et la justice sociale. En ce sens, la Coalition a annoncé un ambitieux plan d’action pour l’automne et l’hiver 2010, incluant une action de perturbation à Montréal, le 23 novembre prochain
François Saillant, coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et un des porte-parole de la Coalition, fait un lien direct entre le manifeste publié le 19 octobre 2005 et le dernier budget du gouvernement québécois : « Bon nombre des propositions défendues par les soi-disant Lucides se retrouvent parmi les mesures les plus injustes du dernier budget, dont l’accélération de l’augmentation des frais de scolarité, la hausse substantielle des tarifs d’électricité et une réforme majeure de la taxation privilégiant les taxes à la consommation plutôt que celles sur le revenu. Quand on sait que les Lucides se faisaient aussi les promoteurs d’autres idées comme une plus grand ouverture à la privatisation, il est plus que temps de mettre fin à leur influence néfaste pour le Québec ».
Il ajoute que deux des signataires du Manifeste pour un Québec lucide, Claude Montmarquette et Pierre Fortin, faisaient partie du Comité consultatif que le ministre Raymond Bachand avait formé pour l’éclairer dans la rédaction de ce budget.
La Coalition prévient aussi le Réseau liberté Québec qui profite du cinquième anniversaire du Manifeste pour un Québec lucide pour tenir un grand rassemblement de la droite, demain, à Québec, qu’il la trouvera également sur son chemin.
« Pas question de laisser la droite s’attaquer encore plus aux services publics et aux politiques sociales, au nom de la responsabilisation individuelle et d’une liberté qui n’est celle que des mieux nantis. Ce sont en majorité les femmes qui sont appelées à assumer gratuitement ces responsabilités, souvent au détriment de leur autonomie financière, de leur participation à la vie publique et parfois même de leur santé », s’exclame Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec et aussi porte-parole de la Coalition.
Un plan ambitieux
La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics qui, au printemps 2010, a mené la lutte contre le dernier budget libéral, en organisant une manifestation de 15 000 personnes à Montréal, le 1er avril, et en multipliant les piquetages lors de passages du premier ministre Charest, reprend l’offensive au lendemain de la Marche mondiale des femmes qui s’est faite la porteuse des mêmes préoccupations.
Au contraire du Manifeste pour un Québec lucide et du Réseau liberté Québec, la Coalition qui regroupe maintenant plus de 120 organismes communautaires, syndicaux, étudiants et féministes, propose un financement adéquat des services publics et des programmes sociaux dans une perspective de lutte contre la privatisation et la marchandisation du bien commun. Ce financement passe notamment par une fiscalité plus progressive axée sur l’augmentation de la contribution fiscale des contribuables à haut revenu et des grandes entreprises.
Pour défendre cette vision, la Coalition mettra en place toute une série de moyens. Une tournée de rencontres publiques de formation et d’échanges sur le dernier budget et sur les alternatives possibles est lancée aujourd’hui même. Celle-ci devrait parcourir toutes les régions du Québec. Des actions seront également organisées dans ces régions à l’automne et à l’hiver afin d’interpeller les députés dans leurs propres circonscriptions.
Le 23 novembre, le ton montera d’un cran alors que la Coalition organisera une Journée de perturbation visant à paralyser un édifice gouvernemental ou privé de Montréal.
Enfin, la Coalition prévoit l’organisation d’une grande manifestation nationale à l’hiver 2011, avant la présentation du prochain budget québécois.
« Non seulement voulons-nous empêcher la présentation d’un autre budget des « lucides », mais l’objectif avoué de la Coalition est de forcer le gouvernement Charest à faire marche arrière sur les compressions budgétaires et l’ensemble des mesures régressives contenues dans son dernier budget », précise la porte-parole Marie-Ève Rancourt, du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec, en ajoutant : « L’abandon du ticket modérateur en santé est la preuve même qu’il est possible de faire reculer le gouvernement Charest. C’est une invitation à redoubler d’efforts et de mobilisation pour obtenir des gains encore plus substantiels ».