Les groupes sociaux refusent de laisser passer un autre budget d’austérité

IMG_6810Montréal, le 30 mars 2015 – Alors qu’il présentait son budget à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le ministre des Finances Carlos Leitão était attendu par un bruyant comité d’accueil organisé par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics. Au même moment, une vingtaine de membres de groupes sociaux ont perturbé la conférence à l’intérieur. La Coalition Main rouge n’accepte pas la poursuite des mesures d’austérité annoncées dans le budget 2015-2016 et affirme qu’il aurait pu faire autrement. Elle dénonce le fait que l’austérité se traduira pour une deuxième année par de sévères compressions dans les services publics et dans divers programmes sociaux, alors que le gouvernement se prive de revenus notamment en annonçant des baisses d’impôts aux entreprises.

Les groupes sociaux membres de la Coalition Main rouge ont dénoncé les conséquences dramatiques qui découleront d’un deuxième budget d’austérité, qui affaiblira selon eux le filet social québécois. La forte limitation de la croissance des dépenses de programmes aura un impact dramatique, alors que les différents ministères et organismes sont déjà aux prises avec les compressions imposées dans le précédent budget. En plus de freiner la réalisation de droit humains fondamentaux comme celui à un revenu décent, les choix du gouvernement libéral limiteront encore plus le bien commun et nuiront grandement à l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes.

La hausse des dépenses de programmes limitée à 1,4% en santé, deux fois moins importante que l’an dernier et plus de trois fois moins que le taux nécessaire pour combler l’augmentation des coûts de système, fait peur au milieu de la santé et des services sociaux. « Ces compressions signifient un énorme manque à gagner de 1 milliard de dollars pour la prochaine année, cela se traduira assurément par des nouvelles coupes qui affecteront directement la population », affirme Nadine Lambert, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS).

Une personne en situation de handicap a illustré le genre de mesures essentielles à l’autonomie coupées par les Centre de santé et de services sociaux (CSSS), notamment dans les services à domicile. « Alors que la majorité des personnes en situation de handicap vivent dans la pauvreté, le gouvernement libéral va mettre fin à la gratuité de l’aide au repas. Ces coupes appauvrissent davantage et ne permettent pas à ces personnes de répondre à leurs besoins fondamentaux ! », s’insurge Pierre-Yves Lévesque, directeur général d’Ex Aequo.

En éducation, la hausse prévue des dépenses de programmes de 0,2% se traduira par des coupures de plusieurs millions de dollars et ce, dans le réseau qui a connu des annonces successives similaires au cours des derniers mois. « Nous faisons face aux pires compressions en éducation depuis 20 ans. Il s’agit d’un véritable affront à l’ensemble des étudiantes et étudiants en grève et au milieu de l’éducation » dénonce Camille Godbout de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), en promettant la poursuite de la mobilisation face à ces attaques. La Coalition Main rouge appuie d’ailleurs la manifestation nationale du 2 avril prochain organisée par l’ASSÉ, et annonce que les groupes sociaux y seront présents.

La Coalition Main rouge dénonce également l’abandon de la lutte à la pauvreté et craint la privatisation de plusieurs programmes sociaux. Les coupes de 50% au développement du logement social en sont un bon exemple pour François Saillant, coordonnateur FRAPRU. « Le budget Leitão a coupé 1500 logements sociaux pour les remplacer par une forme d’aide passant essentiellement par le marché privé. À terme, cela aidera moins de personnes et le fera moins bien » affirme-t-il.

 

Deux poids deux mesures

La Coalition Main rouge s’explique mal que le gouvernement se prive encore de nouveaux revenus alors que les voix se sont multipliées tout l’automne pour revendiquer une plus grande contribution des entreprises et des plus riches aux finances publiques. Plusieurs mesures fiscales portées par des dizaines de groupes et d’économistes sont absentes du budget, comme le retour de la taxe sur le capital, l’augmentation du nombre de paliers d’imposition des particuliers afin d’aller chercher davantage de revenus chez les plus riches, et l’introduction d’un régime public d’assurance-médicaments. « La seule explication, c’est que le gouvernement ne sert pas les intérêts de la population, mais ceux du milieu des affaires » affirme Véronique Laflamme, co-porte-parole de la Coalition Main rouge. « Pire encore, alors que l’équilibre budgétaire n’est pas atteint et qu’il continue de sabrer dans le filet social, le gouvernement a le culot d’annoncer des baisses d’impôts aux entreprises » conclut-elle en soulignant que c’est ce type de mesures qui a fait en sorte que les finances publiques semblent actuellement être en crise.

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Pour informations :

Véronique Laflamme, Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, 418-956-3403