Le gouvernement péquiste a fait un volte-face par rapport à certaines promesses électorales, et ce, quasiment plus rapidement que Lucky Luke aurait pu le faire ! Il a en effet tourné le dos à l’abolition de la taxe santé pour 2012 et 2013, reculé sur la question du rehaussement de l’imposition sur les gains en capital et des revenus de dividendes des particuliers et surtout sur l’introduction de deux nouveaux paliers d’imposition qui aurait pu rapporter plus de 600 millions de dollars dans les coffres du gouvernement. Pourtant, le gouvernement clame haut et fort qu’il manque d’argent !
Rappelons que les baisses d’impôts successives appliquées depuis 15 ans (tant sous les libéraux que sous les péquistes) privent l’État québécois de plus de 5 MILIARDS de revenus par année expliquant en bonne partie la crise actuelle des finances publiques. Nombreuses études démontrent clairement que ces baisses d’impôts profitent davantage aux plus riches de la société.
Ce qui est étonnant dans cette volte-face, c’est que le Parti québécois n’a même pas livré bataille au sein même de l’Assemblée nationale. Il est vrai que les forces politiques, sociales et médiatiques défendant les plus riches québécois (les 3,1% gagnant plus de 130 000$). Ces forces puissantes ne se sont pas gênées pour tenir des propos dépassant de loin la « triste » réalité de ces « pauvres » riches criant à l’injustice, à l’iniquité et brandissant même le spectre de déménagement massif ! Pourtant lorsqu’ils étaient imposés à un taux de 33% dans les années 80 (contre 25,75 % appliqué par le Parti québécois pour cette année), personne ne menaçait de déménager ! Bien plus, certains propos ont carrément dépassé la mesure. Par exemple, le président de la Chambre de commerce de Montréal qui déclare qu’imposer davantage les plus riches « ça risque de les appauvrir » ou encore, le chef du PLQ qui s’indigne sur le fait que les hausses d’impôt des plus riches créait de « l’anxiété fiscale » ! Ces messieurs préfèrent nettement la voie des coupures dans les programmes sociaux et la tarification des services publics pour équilibrer les finances de l’État.
Pourtant, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics a identifié dix-sept (17) possibilités d’augmentation des revenus de l’État, et ce, pour un montant total dépassant les neuf MILLIARDS de dollars PAR ANNÉE (voir http://www.nonauxhausses.org/affiches/alternatives-fiscales-justes-et-equitables-pour-les-finances-publiques). Oui, il existe des richesses et de l’argent au Québec ; il s’agit de choix idéologiques et politiques à savoir si nous allons vers une société plus juste et plus équitable par le biais des impôts. Sans justice fiscale, aucune justice sociale n’est possible.
Oui Mme Marois, oui, M. Marceau, vous pouvez et devez faire d’autres choix que ceux mises de l’avant par le gouvernement précédent et votre gouvernement. Oui, vous pouvez et devez tenir minimalement vos promesses électorales. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à ces promesses que vous avez été élus.
Normand Gilbert
Pour la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics
(LETTRE OUVERTE TRANSMISE AUX MÉDIAS LE 29 JANVIER 2013)